Ludus Dei
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Strawberry Fields forever

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Ela J. Newburry
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MessageSujet: Strawberry Fields forever Strawberry Fields forever Icon_minitimeMer 2 Juin - 3:11



Il n’y a rien à faire ici. Ou plutôt… rien de particulier. Donc trop de choses… trop de possibilités. Sixte et Lugh sont partis dieu sait où. Ils ne rentreront pas avant demain. Andrea travaille. On n’a pas prévu de se voir de la semaine, de toute façon. Il n’y a donc que nous. Et le « personnel », dans la petite maison attenante. Mais aucun d’eux ne viendra me tenir compagnie si je ne le leur demande pas. A quoi bon ?

J’ai fait la « cueillette », aujourd’hui. Sur la table du petit salon, au 1er étage, s’étalent sous mes yeux diverses plantes, un peu de poudre, quelques pilules de reste, un peu d’eau, un couteau et… en bref, le nécessaire de « conservation ». C’est la routine, tout ça. Enfin, pour moi. De temps en temps, ce moment s’impose. Il n’y a rien de bien méchant dans tout ça. Je veux dire, à part la poudre. Le reste… rien que de l’herbe. Ca fait de mal à personne et même Sixte s’y autorise de temps en temps. J’aime ces moments là. Quand on fume tous les quatre, le regard dans le vide, allongés dans l’herbe, sur le parquet ou mon super grand lit… Une seule bouffée de fumée rappelle tellement de souvenirs…

On est en 2000 et je viens d’avoir 16 ans. De rencontrer Lugh, aussi. C’est notre première sortie à tous les quatre. A l’époque il y avait aussi deux autres gars. Les mecs de son premier groupe. Thomas et… Lucas… ou… je ne me souviens plus très bien. Des abrutis. Des ratés. La preuve : aucun d’eux n’est resté.

Je me souviens du Van. De Lugh et moi à l’arrière. Et aussi… de la fumée. Des plaisanteries de Sixte. De la guitare de Vince. Du son de la radio. Du coup de gueule de Lugh, et de son solo. De la gueule de 3 kilomètres qu’a tirée Vince jusqu’au mois suivant. Pauvre petit, l’humiliation ! Parce que Lugh est meilleur que lui à la guitare ? Hum, non. Lugh il est doué pour répéter des choses. Pour l’improvisation ! Vince, il fait des choses qui durent, lui. Ils sont… différents. Mais j’ai tant besoin de l’un que de l’autre. Je me rappelle les fleurs, et aussi la rivière. Les abeilles… tous ces parfums, ces odeurs. Et puis l’instant où les flics ont débarqué. La poudre jetée à l’eau, et la façon dont-ils nous ont serré. Avec de l’herbe, ouais. Et la nuit suivante, sur le béton de la cellule Londonienne fut… mémorable ! On en voudrait encore…

Combien de fois est-ce qu’on a rigolé de ça ? Non, ça c’était rien. C’était pas grave. Depuis, il y a eu… tellement pire…

La télécommande. Je l’attrape, j’enclenche la chaîne. Hum, oui, c’est parfait. Un peu de feu au bout d’une sèche et… un orage en prévision ? Vraiment, quoi de mieux. Tête penchée en arrière, je regarde par la fenêtre ouverte au loin les éclairs, aspirant toujours plus de « liberté ». Je pense… à l’avenir, au passé et… au présent.

-Ela ?

Je redresse la tête, et le contemple, surprise. Surprise, mais heureuse. C’est très bien qu’il soit là. Juste.. Que je ne l’avais même pas entendu grimper les escaliers.

-Let me take you down, 'cause I'm going to Strawberry Fields. Nothing is real and nothing to get hung about. Strawberry Fields forever…

-Okay… complètement stone, hein.

-Yeah… comme Julia… Julia Stone !

J’éclate de rire. Lui sourit. C’est assez rare, en fait. Et j’aime le voir comme ça.

-Je vais… bien !
Dis-je en m’étirant, juste avant de lui proposer mon petit rouleau incandescent. Allez, fais pas l’andouille, prends-en aussi. Tu tiendras pas 2 minutes de plus.

Je sens sa main davantage caresser le sommet de mon crâne plutôt que d’y déposer une tape méritée. A son soupir, je devine qu’il a enfin pris conscience de tout ce qui s’étale sous son nez. De la drogue… de la drogue… un briquet des sachets des boites de l’eau et… de la drogue. De la drogue qu’il prend, lui aussi, non ? Oui, alors, … ne me regarde pas comme ça, Vincenzo d’Amatto. Compris ? Un regard suffit. J’aime ça. Oui, il a compris. Il ne dira rien.

-Tu viens d’où ? Il pleut là-bas ? Un orage se prépare, c’est sûr.

Lui et moi regardons la dernière parcelle de ciel azuré laisser place aux ténèbres qui se voient déjà au loin zébrés de doré. Le vent s’engouffre par la vitre ouverte. Ca fait du bien un peu d’air, après tous ces jours de chaleur torride. Ces nuits passées à mal dormir. J’en vois une excellente en perspective.


Je ris de nouveau, me lève, et effectue quelques légers pas de danse à travers la pièce. Je le rejoins enfin, emprisonne son visage de mes mains, et le regarde en souriant. Tête penchée en arrière, il me regarde d’abord à son tour puis ferme les yeux. Je dépose de légers baisers sur ses paupières, ses joues, ses lèvres. Je réclame ses bras, puis m’installe sur ses genoux. Et nous fumons, chantons ensemble. Comme tant d’autre fois.

-Hum… toutes les fenêtres sont fermées en bas ? Tu es sûr ?

Il acquiesce, je le crois.

-J’ai envie… d’un bain ! Tu viens ?

A ces mots je me lève et, sa main dans la mienne, tente de l’attirer à moi.

-Espèce de feignant…

Il râle, n’esquisse pas le moindre mouvement pour se déplacer. Tu ne veux donc pas bouger ? Mhh… tant pis, j’irai sans toi.

J’enlève mes vêtements, les laisse tomber négligemment sur le parquet brillant, et sans même un regard en arrière pour mon compagnon qui soupire, me dirige dans la salle de bain attenante. Lentement, je m’installe dans la baignoire, et fais couler l’eau. Je sais qu’il m’y rejoindra avant qu’elle ne soit remplie…


Dernière édition par Ela J. Newburry le Ven 4 Juin - 23:44, édité 1 fois
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Vincent Berresford
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MessageSujet: Re: Strawberry Fields forever Strawberry Fields forever Icon_minitimeMer 2 Juin - 20:12

    Le vent soufflait de plus en plus fort, heureusement je n'avais pas bien loin à aller. Je sortais de la salle de musique, et n'avait qu'une petite cour intérieur à traverser pour rejoindre la maison. Je ne pressai pas l'allure, j'étais trop écoeuré pour réagir à ce temps médiocre qui menaçait de tourner à l'orage. Je venais de passer des heures à tenter arrangement sur arrangement...sans succès. Rien de productif dans cette journée, autant rentrer et profiter un peu du calme la villa.

    Normalement à part Ela et moi, il ne devait pas y avoir âme qui vive dans le bâtiment. Enfin si les domestiques mis à notre disposition par monsieur Mastroiani, mais pour moi ces gens ne comptait pas et je ne leur prêtait aucune attention. Si je voulais quelque chose, je me servais moi même, pas besoin d'un larbin pour me rapporter un whisky ou un coca. Toutes ces manières de gens riches (ce que nous commencions à devenir du reste) me passaient complètement au dessus de la tête. Je suis et je resterais un mec simple.

    J'entrais, et constatait qu'effectivement personne n'occupait le rez-de-chaussé. Andrea ne vivait pas ici, et Lugh et Sixte étaient partis jusqu'à demain...où ça? Je n'en avais aucune idée, je crois bien qu'ils m'avaient dit ce qu'ils comptaient faire, mais comme d'habitude je n'avais pas écouté. Les choses qui ne m'intéresse pas directement me passe souvent au dessus. Je ne faisais même pas l'effort de chercher dans ma mémoire...ce sont de grands garçons, qu'ils fassent donc ce que bon leurs semblait.

    Il règnait un tel silence en bas que je craignais presque d'être seul en fait. Non pas que ça me dérangerais plus que cela, mais pour une fois qu'enfin elle et moi avions la possibilité de rester entre nous comme au bon vieux temps, j'espérais qu'elle ne serait pas partie je ne sais où! Mais en tendant l'oreille, j'entendais faiblement mais clairement le bruit sourd d'un téléviseur.

    Je montais tranquillement les escaliers, et alors que je n'avais pas encore fini de gravir totalement les marches, je l'aperçue. Elle était confortablement installée dans un des fauteuils, occupée à ne rien faire, ce qui me sembla sur le moment un moyen très ludique de passer cette soiré avec elle: glander. S'affaler à côté d'elle et ne plus penser à rien, faire le vide. J'en avais besoin, je ne voulais plus ressasser mes échecs de la journée plus longtemps.

    Je m'approchais d'elle et lui caressait doucement les cheveux. Elle releva la tête, surprise de me voir, mais souriante...comme si cela faisait des mois que nous ne nous étions pas vu et dans un sens c'était un peu vrai. Nous avions passé tant de temps à bosser comme des dingues que nous n'avions pas eu réellement l'occasion de parler. Voilà une chance que je ne comptais pas laisser passer.

    Nous échangeons des banalités, simple entrée en matière. Je jette un oeil sur tout ce qui se trouve devant elle et lève un sourcil réprobateur. Mais je ne dis rien...d'abord parce que je lis dans ses yeux qu'elle ne veut pas que j'en parle, et ensuite parce que je n'ai pas envie de me disputer avec elle ce soir. Ce soir je ne veux qu'une chose, la tenir tout contre moi.

    Je prends le joint qu'elle me tend, m'assoit près d'elle...

    J'étais à la salle de répet...je tentais deux trois trucs mais j'suis pas satisfait. Je suis bon pour m'y recoller demain.

    Elle ne me plaint pas, ce n'est pas son style et je n'aime pas ça de toute façon. Elle se contente de venir se placer sur mes genoux tout à coup. Une éternité qu'elle n'a plus fait ça, et ça ne fait que rendre la chose encore plus agréable. Elle m'a tellement manqué malgré sa présence!

    Je la serre tout contre moi et réponds à ses attentions et ses baisers avec un plaisir non dissimulé. Nous finissons par chanter et pendant quelques minutes, j'ai de nouveau 15 ans, la seule femme de ma vie à mon bras, et nous sommes dans un hangar désaffecté qui va bientôt nous servir de base de replis pour faire du bruit, autant que nous le voudrons.

    D'un coup elle se lève et tente de m'entrainer à sa suite. Un bain? Ma foi pourquoi pas, mais elle est tellement impatiente qu'elle ne me laisse pas le temps de la suivre. Je me lève, un sourire d'enfant au coin des lèvres. Tout est parfait...j'entre dans la salle de bain pour la trouver déjà dévêtue et installée dans la baignoire tandis que l'eau continue à couler.

    Pas trop chaude hein! Tu sais que je suis pas fan de l'eau bouillante.

    J'enlève ma chemise que je pose sur un tas de linge sale qui traîne dans un coin, puis m'assoit sur le rebord de la baignoire...je la contemple...l'admire même, mais je sais qu'elle ne se sentira pas gênée pou autant. Cette situation nous l'avons vécue maintes et maintes fois.

    Je me penche vers elle et l'embrasse tendrement.

    j'espère que cet emmerdeur d'Andrea ne va pas débarquer à l'improviste!

    Je ris franchement à cette idée, puis me laisse glisser dans l'eau chaude, sans prendre la peine d'enlever mon pantalon. Je suis d'humeur à jouer ce soir...pourvu que je ne sois pas le seul!
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Ela J. Newburry
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MessageSujet: Re: Strawberry Fields forever Strawberry Fields forever Icon_minitimeMer 2 Juin - 22:41

Je relève mes cheveux avec la pince qui traîne toujours au bord de la baignoire. C’est un bassin spacieux comme on en voit rarement, typique des vieilles maisons italiennes. Mastroiani nous habitue ici à un luxe que nous n’avons pas en Angleterre. On pourrait bien finir par s’y faire…

J’ajoute dans le bain quelques huiles essentielles, le genre de conneries qu’on met dans l’eau pour soit disant se sentir bien, et surtout, parfumer. Des petits plus pour les mémères, mais c’est vrai que c’est agréable. Elles sont loin nos douches glacées dans la cabine minuscule de l’appartement en ruine…

Je souris en l’attendant arriver. Sa volonté de fer aura eu le dessus quoi… 2 minutes ? Hum, comme d’habitude ! Ela gagne et Vince se laisse traîner. Ca me plait vraiment, quand il est comme ça. Il n’est pas tout le temps le seul à savoir ce qui est bien pour moi. L’inverse aussi peut arriver. On a besoin de se détendre. D’un moment à nous comme autrefois. Et ce soir il n’y a personne, rien que lui et moi. Il faut savoir profiter des bonnes occasions…

J’attrape le fabuleux joint de tout à l’heure, le porte à mes lèvres et me laisse glisser au fond de la baignoire. L’eau recouvre mon corps jusqu’au cou mais sa transparence ne cache rien de mon anatomie. Je n’en ai strictement rien à faire, la nudité n’a jamais été pour moi un problème. Je m’en fous, complètement. Aucune pudeur, ni même aucune honte. Mon corps à moi est maigre, laid, mais Vince… je sais qu’il s’en moque aussi. On se connaît, par cœur, depuis tout petits. On a suivi notre évolution. On sait ce qu’on est devenus, quels sont nos défauts, nos qualités. On s’aime comme on est, et puis c’est tout. On a fait la manche et les poubelles, on s’est fait serrer par les flics et on a dormi dans la rue, alors… on en a vu d’autres, ouais.

Je le laisse ôter sa chemise et se mettre à son aise sans rien dire. Il me regarde, je le regarde aussi. Puis je ferme les yeux, sens ses lèvres se presser contre les miennes et attends paisiblement qu’il s’installe en face de moi.

L’orage gronde toujours au loin, c’est délectable de l’écouter approcher. Il sera bientôt là, peut-être au dessus de nos têtes. Et ça me rappellera alors ce fameux week end à la campagne, passé presque à la belle étoile, puis entassés et serrés les uns contre les autres dans ce Van miteux. Et la grippe la semaine suivante, moi et Vince à moitié morts sur le canapé du salon, lui dans un état pitoyable trouvant encore la force de s’occuper de moi.

-Hey… enlève ça, c’est dégueulasse !

Je ne ris qu’à moitié, mais mon doigt pointé sur son jean de la journée n’est pas aussi menaçant qu’on pourrait le croire.

-Tu vas salir l’eau, je ne veux pas me baigner dans ta crasse ! Dieu sait où tu as posé tes sales petites fesses de bassiste aujourd’hui !

Je lui balance un peu d’eau à la figure en rigolant. Assez pour éteindre sa clope que je rallume aussitôt avec la mienne. Andrea, hein ? Il ne l’aime pas. Les autres non plus je crois. En même temps… lui ne fait pas beaucoup d’efforts non plus. Il se montre désagréable avec tout le monde. Il déteste tout le monde, tout le monde le déteste, point. Ah, les mecs ! Aucun d’eux ne veut bien se donner la peine de chercher plus loin que ce qu’ils ont sous les yeux. A part… peut-être, Sixte. Mais lui, c’est différent. Je dirais presque… normal. Moi j’ai insisté, et j’ai eu l’occasion de découvrir pas mal de choses à propos du nouveau clavier. Au fond, jcrois pas qu’il soit très différent de nous. Ca a été dur, pour lui aussi. Peut-être pire… ça, j’en sais trop rien…

Je le regarde un moment, sereine, puis le force à se débarrasser de ce morceau de tissu qui a passé la journée dans la poussière.

-C’est malin, on va être obligés de gaspiller de l’eau, maintenant…


Les reproches pleuvent mais n’en sont pas vraiment. J’ai envie… de sentir son corps entièrement nu contre moi, qu’il n’y ait plus la moindre barrière entre lui et moi. La moindre petite chose… le moindre objet me semble être une entrave à nos retrouvailles.

On flirte un peu, comme d’habitude, du bout des lèvres je caresse les siennes et m’avance avec langueur vers sa personne, avant de me blottir tout contre lui. Le visage enfoui au creux de son épaule, je réalise que la musique s’est arrêtée. J’ai envie d’une chose un peu particulière. En dehors du fait que je sens sa virilité prendre progressivement de l’altitude sous mes caresses et le poids de mon corps pourtant plume sur le sien…

-Dis tu voudrais pas… chanter pour moi ?
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Vincent Berresford
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MessageSujet: Re: Strawberry Fields forever Strawberry Fields forever Icon_minitimeVen 4 Juin - 9:09


    Le tonnerre gronde de plus en plus fort, de plus en plus proche au dehors. Et comme pour faire écho à sa complainte, Ela tonne elle aussi contre moi. Enfin c'est une façon de parler, c'est plus un jeu qu'autre chose, jeu que j'ai commencé du reste, mais c'est si bon parfois de se laisser aller.

    Elle a raison à mon sujet, elle sait que je suis pas le mec le plus fun qu'elle connaisse, et elle m'exhorte souvent à me lâcher...moyen d'évacuer la pression pour moi et de détendre l'atmosphère pour les autres; dieu sait que je peux être prise de tête par moment je l'avoue. Alors il arrive que de temps à autre je finisse par l'écouter et fasse l'effort de faire ce qu'elle demande.

    Pour elle, parce qu'elle est tout ce que j'ai et que je passe assez de temps à la gronder comme si elle était une petite fille; comme si j'étais plus mûr qu'elle...quel imbécile je suis par moment!

    Le coup du pantalon est une façon de lui montrer que ce soir je suis d'humeur à faire le pitre, elle l'a bien compris, elle me connait par coeur, mieux que quiconque...surement mieux que moi même au final. Ma façon constante de passer mon temps à la protéger, à la couver ne fait que pallier au manque d'attention dont j'ai moi même souffert étant petit.

    Je crois que si j'avais eu des enfants, j'aurais été un vrai papa poule, mais mieux vaudrait que je ne tante jamais l'expérience; pauvres gosses.

    Rieuse, elle me jette de l'eau à la figure, éteignant ma cigarette qu'elle rallume aussi sec. Je laisse ma main courir délicatement sur son bras tandis qu'elle me la rend, puis la voit doucement s'avancer vers moi. Je la laisse faire, plus que désireux de cette proximité avec elle. J'enlève à la hâte ce jean mouillé devenu trop serrant, puis l'accueille tout contre moi.

    Je respire son parfum à pleins poumons, m'en imprégnant pour les jours à venir car je sais que cette nuit passée la routine risque de reprendre le dessus quelques temps. Moi et ma sale manie de ne penser qu'à bosser. Mais pour le moment il n'y a qu'elle dans mon champ de vision, qu'elle dans mes pensées.

    Je profite du moindre centimètre carré de sa peau, mes mains courant le long de son dos et de ses hanches pendant qu'à nouveau nos lèvres se cherchent. Je suis rarement fébrile, je laisse rarement tomber ma garde, mais avec elle c'est différent, avec elle je peux tout faire, tout dire...sans crainte d'être jugé.

    Tu m'as manquée!

    Sans rien dire elle s'avance encore plus près, me surplombant. Je sens la chaleur de son corps s'étendre au mien, j'ai envie d'elle, comme jamais peut-être. Mais je sais réfréner mes ardeurs, ce moment entre nous est trop rare et trop beau pour que je le gâche en me précipitant gauchement.

    Je la laisse parcourir mon corps de ses mains, de sa langue, puis elle se redresse, plonge ses yeux dans les miens. Pendant un instant nous ne parlons pas. Les mots sont parfois inutiles et elle sait tout ce qui peut bien me passer par la tête.

    Je lui fait comprendre à quel point je l'aime, sans rien dire, je ne suis décidément pas très doué à l'oral, je préfère l'écrit, mais je sais qu'elle s'en moque...elle sait!

    Sa soudaine demande à laquelle je ne m'attendais pas me fait sourire.

    Chanter pour toi? Si j'en ai envie!

    Je ne chantais jamais que pour elle de toute façon, je n'aime pas ma voix, elle est bien la seule à m'avoir entendu chanter réellement. Pour le groupe je me contente de faire des chorus.

    Mais je ne chanterais pas à tue tête...viens plus près!

    Ne lui laissant pas le temps de réagir, je passe mes mains dans son dos et la colle tout contre moi, approchant ma bouche de son oreille. En respirant l'odeur de ses cheveux, je commence à fredonner. Lui laissant le soin de s'imaginer la musique.



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Ela J. Newburry
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MessageSujet: Re: Strawberry Fields forever Strawberry Fields forever Icon_minitimeVen 4 Juin - 23:41

Mes mains plongées dans son cou, je laisse ma tête reposer contre son épaule. Je ferme les yeux et frissonne à la caresse du vent qui s’engouffre par la fenêtre ouverte. Ce temps… ce temps est parfait avec la musique qu’il a choisi. Cela me rappelle une longue virée en voiture, entre Londres et Manchester. De nuit, sous la pluie, et au loin comme ici, le tonnerre… Riders on the storm… there’s a killer on the road… C’était nous, les tueurs, cette nuit là. Ou tout comme…

Il feint de penser le contraire, pourtant je sais qu’il n’ignore pas à quel point j’aime sa voix. Durant au moins 5 bonnes et pleines minutes, je demeure muette, à la fois attentive et perdue dans mes pensées, mes souvenirs, mes sentiments, tandis qu’il susurre à mon oreille. Sa voix est délicieuse, veloutée, pareille à une caresse. Légèrement éraillée, comme la mienne. La clope a du bon, ma foi.

Enfin il se tait, et la douce mélodie fait place au plus profond des silences. Entre deux coups de tonnerre, le calme plat règne au dehors. Comme… le néant, avant l’apocalypse. Ni lui ni moi ne redoutons les assauts de la tempête. Si une bourrasque s’engouffre par cette fenêtre, si une boule de feu nous emporte… qu’importe ! On aime tous deux vivre des situations dangereuses, porteuses d’adrénaline et nous prendre pour des héros de films, de livres ou même de bandes dessinées ! Etre membre des Unknown Soldiers, c’est déjà apprécier le mélodrame… Evidemment qu’on est conscients de ça. Enfin, moi en tous cas. Mais je m’en moque. Je veux vivre de grandes choses, des moments terribles. Pleurer, j’adore ça. Etre touchée. Eprouver de la compassion, de la pitié, des envies d’autres choses, d’autres vies… J’aime me laisser transporter et vivre des moments étranges, et grandioses, comme… comme celui là. Quand ça vous prend aux trippes et que ça ne vous lâche plus. Quand vous êtes prêts à faire absolument n’importe quoi, pour faire durer cette étrange impression…

Avec lenteur et précision, je caresse son torse. Un torse d’homme, un torse puissant, contre lequel je trouve force et protection. Puis je fais glisser ma langue sur son cou, l’obligeant ainsi à pencher la tête en arrière, pour m’adonner à mon activité favorite, des plus singulières : le suçotage de pomme d’Adam… Sans doute parce qu’elle est typiquement masculine, rarissimement saillante chez la femme, cette partie du corps suscite chez moi une fascination extrême, éveille un désir à la plus violent et sensuel, en bref, toute une flopée de sentiments, de sensations que je ne saurais expliquer. Avec application, je poursuis néanmoins mes caresses jusqu’à atteindre sa virilité dressée.

-Qu’est-ce que tu fais ?
-Chut…

Et de nouveau, je m’empare de ses lèvres pour l’empêcher de parler. Ce que je fais ? Je n’en ai pas la moindre idée, je m’en moque complètement, à vrai dire. J’en ai envie, et lui aussi. Je n’ai pas grand-chose d’autre à lui offrir, et là tout de suite, je veux juste lui faire du bien…

Je me saisis un peu plus tard du gel douche et nous nous savonnons consciencieusement, chacun notre tour, avec tendresse et délicatesse, comme le ferait une mère pour son enfant. Comme deux gamins justement, nous jouons un temps avec l’eau et profitons de l’espace offert par ce bassin hors de prix. Puis je tire le rideau et laisse couler la douche murale. Le liquide tiède rince nos peaux blanchies, je le caresse et l’embrasse encore, j’ai très envie de lui cette fois, comme jamais mais ne lui en souffle pas un mot. Nous avons l’habitude de nous arrêter avant. Aujourd’hui est différent.

-Tiens,
dis-je en lui tendant une serviette dans laquelle je l’enveloppe sans attendre.

Mais les rôles s’inversent brusquement et c’est lui qui m’attire contre lui et me frictionne. Je tremble. J’ai froid.

-Assieds-toi, dis-je en me débarrassant sans pudeur de ma serviette et en m’installant en tailleur sur le parquet du petit salon.

En face de moi, des plantes, de la drogue évidemment, et ce fameux couteau. Sans m’expliquer, je commence à trier. Nous sommes nus l’un en face de l’autre et nous contemplons durant un long moment.

-Ouvre la bouche.

Il soupire.

-Allez… s’il te plait ! Juste… une fois… cette fois… c’est presque rien, jte promets…


Comment lui dire que j’ai envie de partager ce moment avec lui ? RIEN qu’avec lui ! Je ne sais pas précisément ce qui se passera ensuite mais je prédis un grand moment. Quelque chose de gigantesque. Il finit par céder et ouvre la bouche. Je glisse alors sur sa langue une pilule dorée avant de faire de même. J’ai gardé dans une fiole un liquide violacé. Je ne sais plus exactement ce que c’est mais je me souviens comment l’utiliser. Quelques gouttes sur ma langue, et je viens chercher celle de Vince, l’embrassant avec langueur et délectation.

-Tu sais, avec toutes ces histoires de dieux, j’ai pensé… qu’ils en prenaient de la drogue, autrefois. Exactement comme nous. Il y avait… des rituels étranges… sordides. Tu n’as qu’à te dire que l’on fait honneur à nos ancêtres.


A ces mots, je me lève et m’en vais choisir une musique avec précision. J’ouvre davantage les fenêtres et m’imprègne de toute cette énergie, cette puissance qui envahie soudain la pièce. Tout est à sa place, chaque chose est là pour donner plus d’ampleur encore à ce moment.

Une bourrasque de vent fouette soudain mon visage et m’empêche de voir devant moi. La drogue commence à faire effet…


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Vincent Berresford
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MessageSujet: Re: Strawberry Fields forever Strawberry Fields forever Icon_minitimeDim 6 Juin - 18:58


    Me laissant gagner par la mélodie s'échappant de mes lèvres, je me prends au jeu et chante pour elle entièrement, sans oublié une ligne du texte original, pas même une parole. Ne rien entendre à part ma propre voix et le bruit du tonnerre à l'extérieur est une chose que je trouve terriblement étrange sur le moment, mais aussi diablement enivrante. Tout fait echo à ma voix dans cette pièce...le son réverbère jusqu'à gagner de l'ampleur malgré mes chuchotements et je sens son coeur battre tout contre le mien au rythme de la musique que nous n'entendons pas mais que ne connaissons que trop bien.

    Cette chanson je ne l'ai pas choisie par hasard, elle représente tout pour nous, pratiquement tout ce que nous sommes, ce que nous sommes devenus au fil du temps passé ensemble. Des tempêtes nous en avons eu notre lot, nous sommes passé au travers, tout comme nous passerons au travers de toutes celles à venir...du moins, tant que nous resterons ensemble.

    Comme si elle pourrait se débarrasser de moi de toute façon! J'en arrive à la fin, et une fois ma voix éteinte, le silence nous submerge. Le genre de silence qui vous laisse qui vous apaise mais qui vous fait prendre conscience de tellement chose. Quand je suis avec elle, lové tout contre elle, que nous faisons corps, je suis aussi face à moi même. Je vis avec la peur permanente de décevoir, ce que je ne manque jamais de faire, de ne pas réussir, d'échouer. C'est comme un noeud dans ma poitrine, comme un poids qui me pèse chaque jour que dieu fait et qu'elle est la seule à soulager. Mon fardeau c'est dans vouloir trop...toujours...pour tout ce que je n'ai jamais eu avant. Si elle n'était pas là pour me faire sentir plus léger, libéré de temps à autre, je ne sais pas honnêtement où j'en serais aujourd'hui.

    Mes pensées s'envolent et mes prédispositions à la mélancolie prennent le dessus, comme si elle avait remarqué mon absence fugace, elle se manifeste de nouveau, reprenant de plus belle ses baisers et ses caresses. A-t'elle remarqué que pendant un instant je n'étais plus là...j'en suis sûr, mais elle n'en dira mot, préférant me faire revenir à elle à sa manière, sans se vexer, sans se plaindre...alchimie de deux personnes se connaissant trop pour se faire un quelconque reproche.

    Je réponds à ses avances, me faisant un peu plus pressant au fur et à mesure que je sens la tension monté en moi. Elle s'occupe de mon anatomie avec délicatesse et candeur...sans une once de gène. Ma vaillante amante, je tente de l'en dissuader, mais n'en ai pas du tout envie en fait, et elle ne me laisse pas faire. A mon tour, je me ramasse sur moi même et avec douceur embrasse langoureusement ces seins contre lesquels je me suis si souvent réfugié. Laissant mes mains faire le reste, électrons libres n'en faisant qu'à leur tête, descendant tout le long de son dos, puis l'une d'entre elle quittant sa soeur pour jouer les exploratrices téméraires.

    Comme deux enfants, nous finissons par nous savonner mutuellement, combien de fois nous sommes nous lavé ensemble? Un million de fois je suppose, peut-être moins mais pas loin...et pourtant j'ai l'impression étrange de redécouvrir son corps à chaque fois. Nous nous rinçons, et alors qu'elle me tend une serviette j'en profite pour la faire revenir tout contre moi, je veux encore sentir sa présence, cette présence apaisante et rassurante, mais aussi terriblement addictive. Je la frictionne, elle tremble, moi aussi mais son confort m'importe bien plus que le mien.

    Sortons de là...l'eau est froide.

    Sans blague vince...magnifique constatation. Heureusement elle ne relève pas le côté pragmatique de ma remarque, s'extirpe de la baignoire, m'attirant à sa suite. Nous nous retrouvons dans le petit salon, elle s'assoit alors, nue et je fais de même, ces serviettes ne sont d'aucune utilité ici.

    Face à elle, nos regard se croisent pour ne plus se lâcher pendant un bon moment. Je tente de percer ce que se passe dans sa tête, je n'ai pas manqué de remarquer ce qui se trouve devant nous. Multitudes de psychotropes, suffisamment pour tenir des semaines en temps normal. Elle finit par bouger et me demande d'ouvrir la bouche.

    Non chérie...je...j'suis pas d'humeur!

    Elle insiste, j'hésite, lis dans ses yeux que c'est important pour elle, pas simplement une envie idiote que je la rejoigne dans son délire, juste une envie de partager avec moi. Je ne suis pas fan des pilules, je suis plus fumette et snif...mais je fléchis, je n'ai vraiment pas envie de la décevoir ce soir.

    Elle me place l'objet délictueux dans la bouche, puis sans attendre fait de même, avale une gorgée d'un curieux liquide et viens m'embrasser derechef. Alors que le fluide se répands en moi, je ressens déjà les effets de la drogue qui se dissout dans mes veines. Je ne me ferais décidément jamais à ces trucs à ingérer...j'y suis si peu résistant comparé à d'autres choses.

    Je ne peux déjà plus trop me fier à mes sens. Elle me parle de rituels, de dieux, je ne comprends qu'à demi mots ce qu'elle me dit. Serait-elle en train de me réconforter, de me faire comprendre qu'il n'y a rien de mal dans ce que nous faisons? Aucune importance, aucun remord n'existe plus en moi.

    Je m'allonge au sol pendant qu'elle s'en va mettre de la musque, quand elle revient, elle chancelle, je me relève et l'enlace, titubant moi aussi. Sans m'ffronder je parviens à me remettre au sol et la laisse se coucher sur moi. Je l'embrasse avec fièvre, puis roule sur le côté. Une bouteille de whisky traine par terre, à ma portée, je porte le goulot à mes lèvres puis en fait de même pour ma compagne.

    Je descend doucement jusqu'à venir poser ma tête contre son ventre, la pose avec délicatesse tandis que je caresse ses hanches.

    Si seulement tout pouvait rester comme ça...pour toujours. Toi...moi...le reste du monde on s'en tape.

    La drogue me délie la langue, fait ressurgir mes angoisses et mes failles. Mon dieu pas un mauvais trip, pas maintenant, pas ce soir! Je m'accroche à elle et repart à l'assaut de sa bouche, de son cou. Ne plus penser à toutes ces choses, ne penser qu'à elle, la sentir vibrer pour et par moi. Je ferme les yeux et laisse cette sensation d'abandon me submerger!
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Ela J. Newburry
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MessageSujet: Re: Strawberry Fields forever Strawberry Fields forever Icon_minitimeLun 7 Juin - 20:40

Je commence à l’oublier, complètement. Je ne pense qu’à ces histoires de dieux, à des temps passés, reculés, oubliés. Et si c’était vrai ? Sûrement. J’aurais bien aimé y être, pour voir. Il y a tellement de choses, tellement d’époques que j’aurais aimé voir. L’ignorance de chacun est au fond si grande, que moi-même je m’y perds. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire. Rien que d’y penser c’est un peu sombrer dans un trou noir, le néant. Ca donne le vertige, presque…

Je reviens à moi, à lui, et le serre dans mes bras. Il a peur, le pauvre, j’essaie de le rassurer. Là, là, calme-toi… Il n’a pas l’habitude, il faut être prédisposé à ce genre de choses, mais je suis là pour l’aider. La drogue, c’est subtil. Il y a un moment où il faut savoir ce dont on a vraiment envie. C’est un chemin à prendre, il faut être attentif. Si tu loupes l’entrée -et ça peut être volontairement- t’es foutu. Si tu te sens vraiment, vraiment mal au départ, t’es sûr de foncer dans le mur.

Le vent fouette mon visage et nos corps nus, j’ai froid, je tremble. Il se couche sur moi, cherche ma peau, ma bouche, maladroit, et les zones érogènes de ma féminité qu’il caresse sans grande innocence. Je sais ce dont il a envie, je le veux moi aussi, mais pas tout de suite, j’ai besoin que ce soit long, sans fin, un moment « éternel », comme je les appelle, un de ceux dont on ne se souvient pas avec précision et dont on sait pourtant à quel point il vous a fait du bien.

Nous sommes en Grèce, il y a de cela des siècles et il est mon dieu, Bacchus, enfin Dionysos. A quatre pattes sur le bois dur, je lui tourne autour comme une panthère en chasse, symbole animal de sa personne. Je suis sa nymphe, sa muse, son jouet, je lui rends hommage comme des milliers d’autres au milieu de cette terre trempée. L’odeur de la terre mouillée emplie mes narines, je peux sentir la pluie sur mon visage. Le tonnerre gronde et s’engouffre dans la maison. La pièce ne ressemble plus à l’intérieur, je n’y vois qu’une sombre clairière abritant mille passionnés, rendant hommage à leur dieu dans des étreintes et ballets torturés. Je me redresse, féline et l’entraîne à mes côtés. J’ai soif, lui aussi. Sur la petite table dressée, j’attrape une bouteille de vin et l’ouvre sans plus de cérémonie. Je la penche au dessus de nous et laisse le liquide sombre se répandre sur le sol, dans ma gorge, sur ma peau, dans sa bouche. Nos deux corps s’en trouvent à présent recouverts, je dessine sur sa peau des motifs informes, qui disparaissent aussitôt, et envoie valser la bouteille qui se brise en mille éclats contre le mur voisin. Je cherche ses lèvres et l’embrasse à pleine bouche, je veux goûter la saveur à travers lui, voir tout ce qu’il voit, sentir tout ce qu’il sent, entendre tout ce qu’il entend. La musique nous transporte, je ne sais pas où il est vraiment, moi, en tous les cas, j’ai disparu, complètement. Disparu de ce monde, de Venise et du XXIème siècle. Je ne suis plus là et je n’espère qu’une chose, que Lui, lui seul m’ait suivie. Parce que je n’ai besoin de personne d’autre.

Mon corps sec jusque là est à nouveau trempé. Par rafales, la pluie s’engouffre dans la salle. Je tremble encore, sanglote entre ses bras et le réclame. Les éclairs illuminent le ciel par moment, nous sommes obligés de crier pour couvrir le boucan du tonnerre.

-Je te veux, Vincenzo d’Amatto,
hurle-je en l’empoignant par le bras et le tirant jusqu’à moi.

Puis j’éclate de rire et m’effondre sur le parquet glissant. Je m’agenouille, me traîne jusqu’à la table et saisis le couteau. Viens, viens. D’un geste vif, sans même y penser, j’entaille la paume gauche de ma main avant de faire de même avec la sienne. Je veux mêler mon sang au sien, comme autrefois, lui prouver que je n’ai peur de rien, que je pourrais mourir avec et pour lui, qu’il n’y a rien d’autre qui compte.

Pour couvrir le bruit de la tempête, je me relève et cours jusqu’à la chaîne, augmentant le son de la chaîne à en faire trembler les murs. Il n’y a personne à part nous, et nous sommes cent pourtant, mille, une orgie des temps sacrés, des gorges qui saignent, des sexes meurtris, des unions violentes, de la douleur mêlée au plaisir, des cris, un orgasme ici, un autre là, des pleurs, la pluie, et lui et moi on danse au rythme de la musique, je suis fière et prête à tout : il m’a choisie, moi.

Je ne sais combien de temps ainsi nous dansons, glissant, trébuchant, nous raccrochant l’un à l’autre et nous relevant, riant, hurlant. Quand bientôt viennent les offrandes, le plaisir, les récompenses. Une nouvelle fois je m’effondre sur le sol gelé. Je n’ai pas froid cette fois, mon corps tout entier brûle de désir pour le sien, je me colle à lui, je me tords, je veux lui faire du bien, je suis son esclave, à la fois mère, sœur, fille, amante de mon dieu, la perspective incestueuse de la situation m’excite d’autant plus que je la sais fausse, mais je ne contrôle pas mes envies, mes désirs, mes délires, je le veux, et aucune morale ne peut franchir la barrière de l’au-delà dans lequel je suis prise.

Sa langue court sur ma gorge, mes seins, mon ventre, prête à exploser je l’arrête, glisse jusqu’à son membre et l’effleure de mes lèvres. D’un geste, je l’incite à se détendre. J’en ai envie, besoin, je ne me rabaisse en rien, je désire juste lui faire du bien, lui procurer autant de plaisir qu’il est capable de le faire pour moi. Du bout de la langue, je titille sa virilité par à-coups, penchant la tête en arrière à ses doigts qui s’égarent dans mes cheveux, massant mon crâne douloureux.
On est à égalité.

Mais bientôt tous ces jeux langoureux ne me suffisent plus, je veux plus, une union violente, témoin de l'amour que je lui porte. Je me redresse, l'attire contre moi et me presse contre lui. J'enroule mes jambes autour de son cou, empoigne tendrement sa chevelure et le force à se rapprocher. Je crois... je crois que je l'entends crier. Je ne vais pas tarder à l'imiter.

J'offre à ses mains baladeuses la cambrure de mes reins, respire son parfum, et n'en pouvant plus d'attendre, le force à plonger en moi avec violence. Tout le poids de son corps sur le mien me ferait presque suffoquer mais j'épouse chacun de ses mouvements, au bord de l'évanouissement, entendant les lames du parquet craquer à chacun de ses assauts, plus violents que les précédents, et la douleur me déchirer... J'en veux encore ! Ne t'arrête pas, ne t'arrête pas.
J'ai mal, comme jamais, je sanglote, et l'incite pourtant à continuer.
Un cri ultime s'échappe de ma gorge, une vague de plaisir vient de me submerger, j'en ai totalement oublié la douleur et la pluie qui bat mon visage n'a plus aucune importance.

Oh sais-tu, sais-tu combien je t'aime ?
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Strawberry Fields forever

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