Ludus Dei
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Las Vegas !

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Natasha Newburry
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Natasha Newburry

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MessageSujet: Las Vegas ! Las Vegas ! Icon_minitimeLun 24 Mai - 0:56

Las Vegas ! Hollow_art_js038 && Las Vegas ! Kate_Hudson_038
By Justforeverme & Ithika


    Je m'ennuyais ferme ce soir là, assise sur mon lit avec mon pot de Ben & Jerry's devant une émission télé à la con. Il fallait que je sorte, comme toujours d'ailleurs, je n'ai jamais été du type solitaire. Mais là, ça devenait indispensable, j'avais l'air minable comme ça. A pleurer. Ni une, ni deux je me suis mise devant mon miroir pour réfléchir à mon aise sur ce que je pouvais mettre. Pour aller où était la question qui se posait d'elle-même. Je l'ignorais totalement, j'avais envie de changer et compter prendre un taxi pour me rendre dans un endroit choisi complètement au hasard et voir ce que j'y trouverais. Dans le doute et l'ignorance, je choisis donc pour une robe noire, simple, à la fois élégante et sexy. On allait partout avec une petite robe noire, précepte de base de la citadine active.

    Une fois prête et avec quelques deniers en poche, je sauta dans un taxi et demanda au chauffeur où il aimerait aller. Il me regarda avec curiosité, puis m'avoua qu'il finissait son service et aimerait se rapprocher de chez lui et proposa de me déposer sur le chemin, dans le quartier San Marco, avant de sortir du centre. Je fis oui de la tête, avec enthousiasme, même si je n'avais pas forcément les moyens de ce quartier chic. Bah, une fois de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal et puis on ne vit qu'une fois !

    La conscience apaisée et la peur d'affronter mon banquier passée, je regarda le paysage urbain défiler sous mes yeux, ravie d'avoir pris l'initiative de m'installer ici. J'adorais Venise, son charme latin, sa richesse, ses surprises. Londres était une ville incontournable, mais on se lasse même des bonnes choses. Ici, c'était encore nouveau pour moi, encore frais et attirant. Le chauffeur s'arrêta et me fit même un tarif réduit sur la course. La soirée commençait bien. Je lui souris et sortis dans l'air frais de la nuit, resserrant ma petite veste sur mes frêles épaules. Où aller? Je vagabonda un moment, le nez en l'air, à l'affût. Et le hasard guida bien mes pas, me menant jusqu'à l'Hôtel des Monnaies. Je ne m'y étais jamais rendu et c'était devenu un casino d'envergure.

    J'avais assez d'argent pour me risquer un moment aux machines à sous, mais pas assez pour finir avec des dettes de jeu. Je me dirigea donc vers l'entrée, passa le molosse de l'entrée et entra dans un temple du jeu. Ce n'était pas Vegas, mais ça y ressemblait vachement. "Les jeux sont faits, rien ne va plus" annonça le croupier de la table de black jack. Je resta un instant près de la table, pour voir une dame en manteau de fourrure remportait la partie et une coquette somme. J'aimais déjà cet endroit, mais je n'étais pas en mesure d'affronter les tables de jeu. Mon dernier poker avait été un strip poker, j'étais légèrement ivre et j'avais misérablement perdu avant de finir avec mon copain de l'époque. Je suis restée une ado, que voulez-vous.

    Je me rendis donc aux simples machines à sous, tirant les leviers et glissant des pièces en quête du jackpot. Et j'étais ravie à chaque fois que je récoltais quelques piécettes, le simple bruit de la machine me ravissant comme une enfant. J'eus alors de la chance et le magot fut un peu plus conséquent et le diling diling clinquant. Ravie je sautillai sur place, puis me tourna vers ma voisine de machine en lançant un petit:
    - Hii j'ai gagné !

    La jeune femme me regarda et la surprise coupa net mon élan d'enthousiasme. Mon Dieu mais c'était Ela ! Enfin Julia Stone comme on le lisait dans les magazines à scandales. Je la regardais avec étonnement, on peut dire que je ne m'y attendais pas. Mais je repris constance et dit gaiement:
    - Ca alors Ela Newburry, si je m'y attendais !

    Elle n'avait pas l'air de comprendre, ce qui était compréhensible, ça devait faire dix ans qu'on ne s'était pas vu:
    - Tu te souviens de moi, Natasha?

    Espérons qu'elle ne me prenne pas pour une allumée ou une fan hystérique...
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Ela J. Newburry
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MessageSujet: Re: Las Vegas ! Las Vegas ! Icon_minitimeLun 24 Mai - 4:00


L’auto bifurque à l’angle de la rue, et c’est alors que cette étrange idée me passe par la tête. Je me suis assez faite harceler pour la journée, je comptais rentrer et sombrer dans une sorte de sommeil « éclipsé », mais tant pis. J’ai noté dans un coin de ma tête l’endroit où il travaille. L’hôtel des monnaies, qui se trouve juste sous mes yeux en cet instant.

-Stop ! Arrêtez-vous. Je… je descends là en fait.


Mon chauffeur se gare, les deux molosses qui m’accompagnent restent sur mes talons quand je me dirige vers le bâtiment. Les vigils ? Cadeau de la production ! Pour que je puisse « m’amuser et profiter à fond de Venise ». Ah ah. Bon, être surveillée, c’est la loose, vraiment, mais cet après-midi, je ne pourrais pas nier que je n’ai pas eu besoin d’eux.

Le temps pour moi de fumer une cigarette, ils s’expliquent avec la sécurité et me laissent finalement entrer, demeurant quelques mètres à l’arrière, discrets. Avec mes cheveux relevés et mes lunettes sur le nez, je suis à peu près certaine de passer inaperçue. Pour les 10 minutes à venir, au moins. Après… qui vivra verra ! Cela dépend vraiment des quartiers mais, en général, les gens ne sont pas dangereux. Juste un peu envahissants. Et encore. Certains respectent aussi ma condition : si je sors pour passer ma soirée à signer des autographes, à quoi bon ? Ceux là, rien que pour les remercier, j’irais bien les trouver et même faire des photos avec eux, mais ils sont trop rares pour gâcher ainsi ces moments de tranquillité. Bah. Comme à chaque fois, je me dis simplement que si ça devient trop chiant, je partirai. Et puis c’est tout.

Malgré moi, mon regard se perd à travers la foule, je le cherche. Pourquoi ?! Un petit con pareil… Tssss.

Au bout de 20 minutes, j’ai eu ce que je voulais. J’ai eu le temps de faire le tour de la boîte -je marche vite, quand il le faut- ai déjà accepté 3 verres, et salué deux ou trois personnes ayant reconnu en moi la chanteuse des Unknown Soldiers. Heureusement, peu de monde ici semble nous connaître. Il faut dire aussi que les gens ici ne pensent qu’à eux. Ils sont concentrés sur les gains, et n’ont que l’argent et le sexe en tête. Ca m’arrange. Carrément même, et pour rien au monde je ne leur en ferai le reproche.

Bon, ok. Et maintenant, je fais quoi ? L’alcool, même si je n’en ai pas bu beaucoup, commence à me monter à la tête. Je suis clean ce soir, étonnant, mais c’est vrai, pourtant. Peu importe. Mon corps, mon esprit se sont trop habitués à mes états crépusculaires. J’ai mal à la tête, ai besoin de m’asseoir un moment. L’un des colosses s’installent à une table à mes côtés. Autour de nous, les gens nous regardent. Certains savent et expliquent aux autres. D’autres ne comprennent pas. « Qui est cette fille rachitique pour traîner avec une brute pareille ? C’est un garde du corps on dirait, non ? » Je les entends d’ici. Tant pis.

Je bois toujours pourtant, cette fois, un simple jus de fruits, et puis je commande quelque chose à grignoter, j’ai faim. Bruce -ah ah !- m’accompagne. Vous avez déjà vu un vigil manger en fonction, vous ? Ben moi oui. Bruce. La brute épaisse, il la fait bien 5 minutes derrière ses grosses lunettes noires, ses 2m05 et ses 110 kilos. Gourmand, blagueur, dragueur… jl’aime bien ce type, en fait. On discute quelquefois, lui et moi. Je sais qu’il serait prêt à perdre la vie pour me protéger. D’ailleurs, je comprends pas pourquoi. Je lui ai dit plusieurs fois que c’était carrément stupide, et il a rétorqué que, si je mourrais, il ne serait jamais aussi cher payé. Sauf que ça, c’était pour rire. Même si ça contient une part de vérité. Il m’aime bien ce type, et je sais même pas pourquoi. J’ai rien fait pour, bien au contraire. Je lui gâche la vie en l’obligeant à surveiller la mienne. Bref.

Le Black Jack, le Poker… je connais un peu, à peine, mais certainement pas pour y tenter ma chance. Les machines à sous, en revanche…

-Tu bouges pas, jvais là, juste en face. Donne moi… hum, je sais pas, l’équivalent de 100 livres, pour commencer.


L’argent la maison, je fais le nécessaire avant de prendre place devant l’une des machines à sous. Bon. Je me lance. C’est pas bien compliqué ces trucs là, même un enfant comprendrait le principe. Ok, j’ai la poisse. Peu importe, j’ai aussi de l’argent à dépenser. Pas trop…ça va, je suis…assez raisonnable avec ça. D’autant plus que ma partie ne va pas durer longtemps…

Je tourne doucement la tête de côté, comme si la migraine me faisait souffrir. Je ne comprends pas. Des gens qui m’abordent, il y en a toujours, mais des gens qui connaissent mon véritable nom, jusqu’au nom de famille, beaucoup moins ! Les souvenirs se bousculent dans ma tête, je peine à rassembler toutes mes idées, à réassembler des bouts de mon passé. Natasha… Natasha… Ouais, ok, je vois qui c’est ! Natasha comment déjà ? Bah, aucune idée ! Mais oui, bon sang, je me souviens de cette nana, et me rappelle qu’elle et moi on adorait sortir le soir…

-Euh… ouais, jme souviens, réponds-je en me pinçant les lèvres, un peu gênée.

Elle doit me prendre pour une cinglée. Une droguée, en fait. Comme tout le monde. Mais c’est ce que je suis, alors j’assume. Il me faut du temps pour organiser mes pensées.

-Ben… waw. Venise hein ? Qu’est-ce que tu fais là ? Coincée ici, je suppose…

Comme c’est le cas de bon nombre de personnes. Pour l’instant, ça m’est égal, mais il faudra pas que ça dure trop longtemps. Je suis censée sortir un album, moi, et pas spécialement pour Miss Italy… la promo maintenant, c’est à l’échelle mondiale !

En pensant à tout ça, je m’embrouille davantage, mais pourtant déjà me dirige à la table, entraînant Natasha à ma suite sans même m’en rendre compte. On s’installe toutes les deux, je lui présente Bruce, vite fait, et elle commande à boire, pour deux…
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Natasha Newburry
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MessageSujet: Re: Las Vegas ! Las Vegas ! Icon_minitimeLun 24 Mai - 20:12

    Ela, ouais je ne me suis jamais faite à l'idée de l'appeler Julia, me regardait l'air un peu étonnée, consternée même. On aurait dit qu'elle peinait à rassembler ses idées, qu'elle cherchait difficilement à me restituer. Normal. Elle en avait vu d'autres, des blondes et des Natasha je suppose. Et puis, surtout, elle avait pris le genre de petites poudres, pilules et liquides qui font oublier pas mal de choses. Je lis la presse people à mes heures perdues et, bien que je crois pas tout ce que ces types avides de pognon racontent, je me suis rendu à l'évidence.

    La super star, chanteuse mondialement connue d'un des seuls groupes rock'n roll jusqu'au bout depuis Oasis, était une junkie. Ou du moins si c'était un coup de pub, elle jouait sacrément bien le jeu. Ela était toujours aussi belle, ça ne s'envole pas comme ça un physique comme le sien, mais elle avait perdu son éclat. Elle était maigre, rachitique même, les joues creusées, des cernes que son maquillage de trois jours ne pouvait pas cacher.

    Moi, quand je l'ai connu, elle brillait, elle resplendissait. Putain ouais, Ela Newburry était une des nanas les plus canons qu'on aurait pu voir. Une beauté insolente, jeune. Dont il ne restait plus que des stigmates sur son visage d'une pâleur effrayante. Je n'aurais pas connu des drogués, j'aurais juré qu'elle était malade et allait tomber dans les pommes. Mais je supposa qu'elle est plus ou moins tout le temps comme ça, même si elle avait l'air clean là. Enfin, ça faisait longtemps que je ne fréquentais plus vraiment les punks, Camden reste Camden et il est quasiment introuvable hors de Londres, mais je ne pensais pas me tromper.

    Toutefois, elle engagea la conversation, ce que je pris comme un bon point. Déjà, je ne l'importunais pas, c'était positif. Tout en répondant, je récupéra mon petit gain dans la machine clinquante:
    - En fait j'habite ici depuis un moment, j'suis venue faire mes études et bosser. Changement de décor tu vois et puis retour aux sources, j'sais pas si tu te rappelles mais j'suis d'origine italienne... En même temps, Natasha Adamo, ça trompe personne !

    Je fis de mon mieux pour m'arrêter, j'avais tendance à babiller à tort et à travers et je n'avais pas envie de l'assommer avec mes histoires. Ca n'avait pas l'air de trop la contrarier, car elle se dirigea vers sa table en me faisant signe de la suivre. Je régla mon pas pétillant sur sa démarche tranquille de bonne grâce et demanda à mon tour:
    - Et toi il paraît que tu fais ton prochain album dans le coin... Tout roule?

    Je ne voulais pas me mêler de détails inavouables et découvrir des secrets de production, ma question était innocente, comme souvent d'ailleurs. Je suis de nature curieuse mais pas intéressée ou cupide. Et ma question était bien plus axée sur Ela que sur Julia et les Unknow Soldiers. Au pire, je m'en foutais des arrangements de son disque, c'était elle qui m'intéressait. J'avais eu un aperçu de ce qu'elle était devenue dans la presse et à la télé, mais j'aurais aimé savoir comme elle allait, humainement, moralement. Parce que bon, faut se le dire, elle avait pas l'air en forme.

    Je m'assis à la table, offrant un large sourire à son molosse de garde du corps, Bruce. Hum, il était né avec de bonne prédispositions pour le métier lui... Un des garçons du casino passa par là et je lui commanda avec enthousiasme deux verres de vodka orange. On prenait tout le temps ça, quand on allait au bar avec la bande. Sans doute ne s'en souvenait-elle pas, mais c'était pas grave. C'est l'intention qui compte comme on dit. Je lui souris encore une fois, mon bagou naturel reprenant le dessus pour tâcher de mener la conversation:
    - J'suis contente de te voir Ela, ça fait un sacré bail et je m'y attendais pas. Vraiment, ça me fait plaisir.

    Ca faisait un peu cliché, genre retrouvailles de vieilles amies après des années de dure séparation. Alors qu'en fait, on avait été deux gamines qui apprenaient la vie dans les bars avec une bande de potes éphémère. Comme tous les ados. Comme tout le monde. Ela avait été une fille normale avant et beaucoup de ces fans un brin hystériques avaient tendance à l'oublier. Merde, c'était juste une fille paumée Ela, fallait arrêter avec les conneries et lui foutre la paix.
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Ela J. Newburry
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MessageSujet: Re: Las Vegas ! Las Vegas ! Icon_minitimeMar 25 Mai - 0:02

Il y a quelque chose dans son regard de bienveillant. Je me souviens d’elle, en fait, et plutôt bien même. C’était encore… le bon temps. La misère, mais les plaisirs simples parvenaient alors à nous satisfaire. On sortait en bande, elle, Lugh, Vince, Sixte, et moi, parfois d’autres, ou pas. Quelquefois on récupérait un vieux van complètement déglingué et on se refaisait mai 68, à s’enfoncer dans la nature, en buvant des bières, fumant des joints et en restant allongés toute la journée dans l’herbe. Ça, c’était vraiment notre truc, plus que de jouer les ados rebelles. Briser les vitrines, puis massacrer les chambres d’hôtels, c’est venu après. Une ou deux fois. Juste pour voir. En général je suis respectueuse du matériel des autres mais il vient forcément un moment, quand tu fais ce métier, où t’as envie de faire comme les autres. De tout défoncer, juste parce que t’es une rock star, et donc que tu peux te le permettre. Enfin, tout ça pour dire que je suis loin d’être 100% hippie. Même si j’écoute les Beatles et que j’adore les films qui parlent de l’époque de la guerre du Viêtnam. Jles comprends ces gens là. Moi aussi des fois, j’aimerais bien me couper de tout, et partir très loin. Vivre d’extrêmement peu. Comme c’est loin d’être le cas en ce moment.

Quand je la regarde, je vois son visage. Mais pas celui d’aujourd’hui. Celui d’il y a peut-être… non, pas peut-être. Celui d’il y a 10 ans. Et me revient en mémoire une journée en particulier, passée en bordure de forêt, au bord d’un ruisseau dans lequel les garçons s’étaient baignés. Le poste était resté allumé dans l’auto, on avait passé notre journée à écouter Oasis et les Beatles, tellement qu’on était tombés en panne de batterie pour rentrer. Et une nuit parfaite à la belle étoile…

A l’époque, on chantait « nothing’s gonna change my world ». Raté. Aujourd’hui, ma vie est carrément différente. Il y a des fois comme celles-ci, où je rencontre une Natasha Adamo, et où tout me donne envie de vomir. Tout, dans le présent. On a de l’argent, maintenant. On pourrait tout arrêter, s’acheter une vieille ferme à retaper à la campagne et planter de l’herbe pour l’année. Sortir de temps en temps, acheter des disques sur internet. Fumer, ne penser à rien, ne plus signer d’autographes, ne plus recevoir de récompenses, ne plus aller dans les hôtels, ne plus être obligé à rien.

En face de moi, elle me parle, mais ça fait déjà un moment que je ne l’écoute plus. Je n’y arrive pas. Mon esprit est parti ailleurs. Les larmes me montent aux yeux. Et cette fois, je peux pas faire genre avec la fumée de ma cigarette. Dommage !

Foutue nostalgie, quand tu nous tiens ! Et en public, surtout.

D’un bref geste de la main, je dégage les mèches échouées sur mon visage, puis enfouis ce dernier dans le revers de ma manche. Natasha n’a sûrement pas loupé mon sourire désolé. Tête baissée, j’ai besoin de quelques instants pour comprendre ce qui m’arrive. Je l’aime bien cette vie là, après tout. Non ? … J’hésite, en fait. Natasha Adamo… je la détesterais presque pour m’avoir mise dans cet état. Hey ! J’avais pas prévu de passer la soirée à penser au passé et à chialer. Pas besoin de vieilles connaissances remontées à la surface, pour ça. J’entre une nouvelle fois en phase de déprime, hein ? Ben merde alors, ça tombe mal. En pleine écriture… Hum, non en fait, c’est pas si mal. Ca en fait des choses à raconter. Très bien.

Libérant enfin mon visage de mes mains moites, j’écarte mes longs cheveux blonds qui m’empêchent de voir correctement et frotte un peu mes yeux rougis. J’offre enfin à Natasha mon sourire le plus éclatant -autant que j’en suis encore capable- et siffle d’un trait la vodka orange qu’elle a fait atterrir sous mon nez.

-Ben en fait. On est là pour un moment, encore. L’album est loin d’être terminé. Mais, c’est vrai, on est là pour ça. Toujours les mêmes. La petite famille au complet. Plus un… nouveau… clavier… un type… qui bosse ici, d’ailleurs.


Bourde ? Bah, c’est que Natasha, après tout. Et si l’info vient à se répandre, eh bien… ce sera tout simplement bien fait pour Andrea. Pour l’instant, il peut encore se permettre de bosser ici, personne ne sait que c’est lui, le « nouveau des Unknown Soldiers ». Bah, bref. Pourquoi est-ce que je me sens toujours obligée d’en revenir à lui ?

-Et… et toi ? Tu deviens quoi ? Exactement ? ...


Je m’en fiche un peu, à vrai dire, mais c’est une question que l’on pose par politesse. Hey… attendez un peu… non, en fait… je m’en fiche pas. Elle est sympa cette fille. J’ai pas le droit de la traiter comme une parfaite inconnue. Ca fait peut-être 10 ans, mais elle a quand même été l’une de mes meilleures amies de l’époque. Enfin, la seule, même. Du fait que j’ai toujours eu tendance à traîner plutôt avec les garçons. C’est vrai ça, Natasha, c’était peut-être la seule fille avec laquelle je m’entendais vraiment bien. Et peut-être est-ce encore la seule. Ca, j’en sais rien, seul le temps nous le dira. J’aimerais bien la revoir, plus tard. Après ce soir.

Elle va me sauver cette nuit, hein ? Au lieu de rentrer avec un parfait inconnu, de le laisser tirer son coup et de pleurer dans ses bras pour me donner l’impression d’avoir un brin d’importance pour quelqu’un, le tout en écoutant les chansons d’antan, et vais rester là, avec elle, à discuter de ce temps perdu, révolu.

"Hey, Ela, Don't be afraid".
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MessageSujet: Re: Las Vegas ! Las Vegas ! Icon_minitimeLun 31 Mai - 22:03

    Quand je la regarde, je me sens comme transportée vers le passé, une autre époque, un autre lieux. D'autres gens aussi, des gens avec qui j'ai énormément partagé. Je réalise à quel point ma vie a changé alors. Elle et Vince, c'étaient vraiment des gamins de quartiers, des gens qui avaient rien. Lugh c'était un rebelle lui, moi j'essayais. Les ados sont cons parfois, je n'ai pas échappé à la règle. Mais j'me suis éclatée à l'époque, je dois l'avouer. On était bien tous ensemble, je les aimais ces gens, c'étaient mes meilleurs amis. Eux et ma soeur ont constitués mon univers pendant des années. Mais moi en vrai, j'étais une gosse de riches en rébellion adolescente, j'avais pas leurs tripes, cette peur et cet amour de la vie viscéraux, cette flamme hallucinée dans le regard. Je me suis rangée moi, j'ai fait des études, ils ont choisi la musique, la vie de rock star, la drogue, le vice, ce que j'aurais juré être la vraie vie quand j'avais 17 ans. Je sais pas si c'est encore ce que je pense.

    Quelque part j'ai changé depuis cette époque, je suis devenue plus respectable. Non en fait, pas vraiment. Je serais tout à fait du genre à prendre ma voiture avec une bande de potes et conduire à travers la campagne en écoutant les Beatles et en fumant. C'était ça notre vrai trip à l'époque. Quand j'étais dans leur cercle, ils n'étaient pas encore dans la dimension destructrice du rock'n roll et de la drogue. On était plus des hippies que des punks en somme. Plus Beatles que Pink Flyod, plus Bob Dylan que Doors. Quand j'y repense, je me dis que j'aurais aimé que ça dure. Et que c'est quand même dommage qu'on se soit perdu comme ça...

    Mais bon, j'ai pris des décisions, j'ai voulu partir. J'ai fuit vers l'avant comme je le fais si bien, j'ai couru vers d'autres horizons en faisant croire que j'avais le courage de changer de vie alors que j'avais peur d'affronter la mienne. Peut-être que j'ai raté ma vie. J'ai jamais voulu être commerciale en cosmétique. J'aurai voulu être un artiste... J'aurais voulu changer le monde, j'aurais voulu travailler dans l'humanitaire, j'aurais voulu vivre au fin fond de la campagne anglaise. Non, faux. Je suis un papillon de nuit, sociable et curieux, qui a besoin de la lumière et de la vie, de la foule et du bruit. Je ne suis pas aussi simple qu'on veut bien le croire, en fin de compte.

    Je regarde Ela, elle a l'air triste, perdue dans ses souvenirs elle aussi. Qui sait, peut-être que je ne suis pas la seule qui regrette un temps révolu. Brusquement, j'ai envie de la questionner, de la revoir, de rattraper le temps perdu. Mais je retiens mes débordements d'énergie et la laisse se ressaisir tranquillement, sirotant ma vodka orange comme si je n'avais pas noté son trouble. Même la créature maladroite et mal élevée que je suis sait se tenir parfois. Elle finit par me répondre, avouant qu'ils bossent leur album en effet, mais que ce n'est pas pour tout de suite. Ils ont le temps de toute manière, rien ne presse d'autant que la ville est en quarantaine. Leur nouveau clavier travaille au casino apparemment. Ce pourrait être un scoop, mais je ne relève pas. Je m'en fous un peu en fait, après tout, ce n'est pas lui qui m'intéresse.

    Au fil des ans, j'ai suivi de loin l'ascension des Unkown Soldiers vers le sommet et j'ai bien vu que la cinquième roue du carrosse allait et venait au gré du vent. Et puis, bien que j'apprécie indubitablement leur musique, j'ai lu les articles de presse à leur propos histoire d'avoir des nouvelles, de savoir ce qu'il devenait, même à travers le prisme déformant de l'opinion publique. Je hoche donc la tête, pour signifier que je l'écoute. Elle continue donc sur sa lancée et m'interroge donc à son tour et je réponds de bonne grâce:
    - Bah je ne fais rien de bien intéressant, je suis commerciale pour une entreprise de produits cosmétiques... Pas passionnant, mais j'ai des échantillons gratuits et puis ça me permet de vivre correctement quoi.

    Le silence se fait, je me doute qu'elle ne s'attendait pas à ça. En fait non, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'elle peut penser. Elle était déjà un peu fantasque du temps où elle était ma meilleure amie, alors maintenant, je serai bien incapable de la décrypter comme je savais le faire. Alors j'enchaîne, posant enfin la question qui me titille depuis un moment:
    - Et sinon, Vince va bien? Et les gars? J'aimerai bien vous revoir un de ces quatre, toi, Vince... Enfin, vous avez sûrement pas le temps, mais bon.

    Je commence à m'embrouiller sans doute, aussi je préfère garder le silence. La gourde... Ce n'est pas parler de Vince qui me fait autant d'effet, je l'aimais beaucoup, certes, mais l'eau a coulé sous les ponts. Je suis simplement restée la gamine gaffeuse que j'ai toujours été.
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Ela J. Newburry
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MessageSujet: Re: Las Vegas ! Las Vegas ! Icon_minitimeMar 1 Juin - 17:51

Commerciale… pour des… cosmétiques ? Waw. Bien… voilà que je me fais plus honte encore que d’habitude. Par réflexe, je cache mon visage aux traits fatigués entre mes mains et remonte vers le sommet de mon crâne sans oublier d’ébouriffer ma tignasse au passage. Un miroir au loin me renvoie mon reflet. Encore pire qu’avant. Génial.
Je détourne le regard un instant, offre à ma voisine une mimique affreuse suivie d’un sourire gêné. J’ai besoin de me calmer, et de penser à autre chose que ce à quoi je ressemble. Je m’en fous d’habitude, pourquoi pas là ? Parce qu’elle m’a connue différente. Comme pas mal de monde, en fait. J’étais pas comme ça à la sortie de notre premier disque. Aussi fatiguée, aussi terne, aussi… ailleurs… Mais elle en particulier, et plus que beaucoup sait à quel point le contraste est fort entre la Ela d’autrefois, et celle de maintenant. C’est vrai qu’il m’arrive d’y penser. De regretter. De me trouver horrible, et… d’avoir envie de tout arrêter, pour de bon. De redevenir « clean ». C’est bien comme ça qu’on dit. Mais ça ne fonctionnerait pas. La déprime reviendrait de plus belle… et ça fait parti de moi maintenant. Je perdrais beaucoup, en perdant la drogue, en réalité. Et personne… personne ne veut le comprendre…

J’en reviens à Natasha. Elle en revanche… elle est toujours aussi belle, aussi fraîche qu’avant. Elle a mûri, comme nous tous, elle a vieilli. Ce n’est plus une adolescente mais une femme maintenant. Ce à quoi moi, je ne ressemblerai jamais. Peu importe. J’ai fait d’autres choix. Il faut assumer, pas vrai ?

-Bah… c’est bien, tout ça. Tu es… heureuse ?

Cette question me semble un peu déplacée. Mais au fond, c’est tout ce qui compte. Demander aux gens ce qu’ils font, ce qu’ils sont devenus, s’ils sont mariés, s’ils ont des enfants… C’est du vent. Au mieux, de la curiosité. Si vous les aimez vraiment, s’ils comptent un temps soit peu pour vous, l’important est de savoir comment ils vont. Et la question du bonheur est primordiale, bien qu’inhabituelle. Mais Ela Newburry ne fait rien comme les autres, c’est bien connu. Je ne crains pas la réaction de Natasha. Je sais qu’elle ne s’offusquera pas de cette question, et bien qu’au contraire elle essaiera au mieux d’y répondre.

Et puis on en arrive à… mon très cher meilleur ami ! Evidemment. Comment ai-je pu oublier ? Un sourire sincère étire mes lèvres à mesure que je me remémore leurs moments passés ensemble. Ceux où j’y étais aussi, bien entendu. Ce sourire je l’adresse de bon cœur à Natasha, et caresse le revers de sa main du bout des doigts pour lui montrer qu’elle n’a pas à se sentir gênée de sa question, question à laquelle je répondrai volontiers.

S’il va bien ? Qu’est-ce que j’en sais, au fond ? Je suppose que oui. Oui, je suppose que nous allons bien. Que nous allons mieux. On a un album à préparer, on a un peu peur que ça ne marche pas, comme d’habitude, mais on se colle pas trop la pression. Lugh râle constamment à cause de cette histoire de dieux, il aimerait rentrer à Londres rien que parce que ce n’est pas possible. Pour les autres… on est simplement en vacances. Alors… je crois que ça va oui…

-Il va bien. Pas d’overdose à l’horizon, si c’est ce que tu veux savoir. Oh… pardon…


Des excuses s’imposent, vraiment. Humour morbide, quand tu nous tiens…

-Non ça va, vraiment. On est venus ici pour se… ressourcer. Et pour cet album. En fait… j’avais d’un endroit un peu particulier… Venise c’est romantique mais c’est pas pour ça que j’ai choisi cette ville. Je pense… que peut-être c’est… quelque chose qui m’a guidée vers elle enfin je sais pas, tu sais, avec toutes ces histoires de dieux, et tout ça…


Je penche la tête et affiche une moue consternée.

-Hum… ouais, c’est ridicule, hein ? Tu mconnais…


Pourtant j’y crois vraiment, moi, à tout ça. Enfin plus ou moins mais… si. Peu importe que les gens y croient ou pas. Il y a de la magie dans ce monde…

-Il va bien, oui. Il est toujours… lui-même. Vince quoi. Enfin, tu le connais je pense aussi bien que moi. Il n’a pas vraiment changé. Toujours… aussi doué et aussi ailleurs. Ca me va pas du tout de dire ça mais… il est un peu dans son monde à lui. Il n’y a rien d’extérieur qui puisse le toucher c’est une espèce de… carapace ambulante. Il fait sa musique et compose simplement… un camion pourrait menacer de l’écraser qu’il ne s’arrêterait pas…


On rigole toutes les deux à l’évocation de ce comportement. Vince, il a des années de peine et de chagrin à l’intérieur. Alors je peux en rigoler, mais je sais pourquoi il est comme ça. Et je ne ferai rien pour le changer parce que… parce que ce n’est pas la peine si lui ne veut pas changer. Je suis son amie et je n’ai qu’une chose à faire : l’accepter comme il est.

-Lugh… est un peu plus concerné par… la politique et… ce genre de trucs. Ce qui se passe dehors le touche plus que nous tous. Moi je t’avoue que… j’y comprends rien. Cette histoire de dieux… ça le met hors de lui. Et Sixte… toujours aussi… homosexuel ?


On éclate de rire toutes les deux. Elle sait aussi bien que moi tout le bien que je pense de mon batteur. Sans lui nous ne serions plus là. Il est un peu mon père de substitution. Il n’y a pas grand-chose à dire à son propos, hormis qu’il est tout pour moi… vraiment.

-Et enfin il y a… Andrea, le petit nouveau. Pfff… je te raconterai bien en détails mais… bah ! C’est un peu tendu entre lui et nous. Ok… surtout… entre lui et moi.

Un sourire entendu et la voilà friande de potins, j’en suis certaine. Mais je ne peux rien lui dire pour le moment. J’ai même du mal à définir ma relation avec lui.

-Il est… carrément bizarre. Hyper doué mais… antipathique. C’est même dingue. Des fois il… il est vraiment méchant et d’autres… On dirait... qu'il a un super secret. Comme dans ces séries où le héros finit par avouer à sa copine qu'il est un vampire ou... ce genre de trucs.


On s'esclaffe.

-J’ai juste l’impression qu’il faut savoir s’y prendre avec lui. Mais bon, il est là pour le prochain album et la prochaine tournée. Et ça marche à ce niveau pour l’instant, c’est tout ce qui compte. Il tracera sa route s’il nous ennuie, voilà tout.


Un autre sourire, une gorgée de vodka et :

-Je crois aussi que tu devrais venir nous voir. Ca nous ferait vraiment plaisir…

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MessageSujet: Re: Las Vegas ! Las Vegas ! Icon_minitimeDim 6 Juin - 14:25

    Comme toujours, Ela est là où l'attend le moins. Je m'attendais à diverses réactions de sa part, une boutade, une question, voire une critique, la chère demoiselle n'a pas la langue dans sa poche après tout. Mais non. Elle essaye d'arranger ses traits fatigués en faisant bouffer sa chevelure blonde, affadie par les excès et semble vouloir présenter un tout prix un meilleur profil. Je ne dis rien, lui sourit juste discrètement, histoire de lui montrer que j'ai compris, que j'ai vu, que je comprends mais que je ne relèverai pas, que je l'aime quand même. Je ne sais pas si on peut vraiment dire tout ça dans un sourire, mais c'était mon intention du moins.

    Je me tais donc, prenant pour une fois le parti de tenir ma langue qui débite beaucoup trop de conneries à la minute. Mais ça ne m'empêche pas de voir. Elle a la mine tirée, fatiguée, triste. C'est un peu consternant, de voir de si près les marques de fond de teint sur son visage maladif, le crayon noir qui a sali son regard. Je l'ai vu dans des états lamentables, après des cuites mémorables. Mais à l'époque, il lui restait la vie, il lui restait un dynamisme inhérent à sa jeunesse, quelque chose qui la brûlait de l'intérieur, qui la faisait briller.

    Mais le feu qui a illuminé son adolescence, l'a consommée pour de bon. Ela est un être extrême, elle n'a pas juste profiter de l'éclat, elle s'est laissée prendre entièrement et maintenant tout brûle. Ela est une de ces étoiles filantes du monde de l'art et de la musique. Elle passe dans la ciel noir, auréolée de milles feux et admirée, alors qu'en réalité, elle se meurt à toute vitesse et tombe inéluctablement vers l'obscurité. Je suis rarement aussi poète et aussi défaitiste, mais en un sens tout ça n'est pas négatif. Elle aura vécu, intensément et peut-être un peu comme elle l'avait voulu. Moi j'ai pas eu le courage. Pas eu la force. Peut-être pas eu l'envie non plus, je suis beaucoup plus réaliste, malgré mes rêves de gamine et mon insouciance joyeuse. Je m'enferme volontairement dans mon syndrome de Peter Pan et j'évite ainsi de devenir une étoile déchue ou une mère au foyer frustrée. J'ai choisi le compromis, une autre vie.

    C'est alors qu'elle me demande si je suis heureuse. La question me surprend assez peu en fin de compte. C'est là l'essentiel. Je prends le temps de peser ma réponse, ce n'est pas à ma vieille amie que je vais mentir avec un de mes sourires enjoués et déterminés. Finalement, je lui réponds à mi-voix:
    - Oui, je crois que oui... Je mène ma barque en solitaire et je prends quelqu'un à bord quand l'envie me prend. Je voulais être indépendante en quittant Londres et je pense que j'ai réussi. Ma vie est différente et elle me plaît assez. Evidemment, dans l'absolu ce n'est pas ce que je veux. Mais comme je ne sais pas ce que c'est, je profite de ce que j'ai là.

    Je parle beaucoup, comme d'habitude. Au moins sur ce point là, rien n'a changé. Et puis, la question est délicate, la réponse se doit d'être assez précise. Je pense qu'Ela a compris. Elle comprends bien les gens en général, parvient à les analyser. Elle me comprends. Me comprenait.

    On parle alors de Vince, des gars. Il va bien me dit-elle, se permet un blague douteuse qui m'arrache un sourire en coin. Sacrée Ela. Elle m'explique alors qu'elle s'est sentie attirée par Venise, sous-entendant plus ou moins que les dieux l'ont guidée ici. J'écoute attentivement, sans l'ombre d'une moquerie. Après tout, les dieux grecs sont revenus parmi nous, après cela j'aimerai bien savoir ce qui est impossible. C'est pourquoi je lui glisse de façon anodine:
    - Ce n'est pas ridicule, après tout pourquoi pas. Les dieux doivent bien avoir une sorte d'aura, un pouvoir quelconque...

    Je suis quelqu'un de réceptif, près à croire bien des choses. Jugez-moi naïve, je me considère ouverte d'esprit. Question de point de vue. Quoiqu'il en soit, je n'irais pas remettre en question les croyances de ma chère Ela. Je n'en ai pas le droit et après tout, je ne les trouve pas infondées.

    Elle me parle alors de Vince et m'en dresse un portrait qui n'est pas bien différent du jeune homme que j'ai autrefois aimé. Je suis quelque part une romantique, malgré ma foultitude d'aventures sans lendemain et d'amants d'un soir. Romantique refoulée disons, comme ça ne fonctionne pas je met mes idéaux au placard et j'aime, beaucoup, sans faire de détails. Et parfois un homme me marque, laisse une trace dans ma petite tête que je conserve comme un joli souvenir. Je ne suis pas nostalgique mais j'aime repenser aux bons moments, sans les regretter en général. Je suis contente d'entendre des nouvelles d'eux, de savoir que la vie continue comme on pouvait s'y attendre. Vince, compositeur de génie qui renferme en lui beaucoup trop de choses pour en laisser couler une seule. Lugh, emmerdeur professionnel toutes catégories confondues mais pas méchant. Sixte, le ciment de la troupe et une valeur sûre, musicalement comme humainement.

    Je n'ai pas leur talent pour la musique et le rock, mais je m'y connais quand même un peu. J'ai fait du piano pendant des lustres, j'ai un petit bout de voix et une bonne oreille. Après tout ça reste de la technique, je n'aurais jamais leur savoir faire et leur passion. Je suis mélomane et musicienne dilettante. J'écoute et j'apprécie. Un air des Unkown Soldiers me revient en tête, alors que la chanteuse poursuit son récit, revenant une nouvelle fois sur le petit nouveau. Peut-être qu'il va durer, même si ça n'a visiblement pas l'air très bien parti. Ma foi, il restera le temps qu'il faudra et il trouveront un nouveau clavier. La roue tourne comme on dit.

    La dernière phrase d'Ela me touche véritablement et je serre la main qui effleure la mienne. Je souris, purement et sincèrement comme je sais encore le faire et lui réponds:
    - Ca me ferait plaisir aussi. Tu leur dira que je les embrasse.

    J'attends un instant, avale un peu de vodka orange et finis par ajouter:
    - Et comment tu vas toi, Ela, je veux dire... en dedans ?

    Ma question est saugrenue, mais elle se doit de l'être. Sinon, Ela Newburry va encore m'échapper...
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Ela J. Newburry
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MessageSujet: Re: Las Vegas ! Las Vegas ! Icon_minitimeMar 8 Juin - 18:14

Je fronce les sourcils et la regarde dans le blanc des yeux. Evidemment. On ne peut jamais faire semblant, jamais éviter la question… Est-ce que c’est si grave que ça ? Je vais bien, là. Enfin, je crois. Je sais que ça l’intéresse vraiment, que ça l’inquiète aussi, et qu’elle veut savoir comment je me sens, mais la question de la drogue, elle est sous-entendue dans son interrogation, et elle surgira forcément de façon on ne peut plus claire si je l’évite tout du long. J’ai parfois l’impression qu’il n’y a que cela qui compte. Que mes sentiments passent après, ma façon de voir les choses aussi. Quelqu’un qui prend de la drogue, ça inquiète, ça terrifie, et ça fascine aussi. Etre une bête de foire, c’est pas vraiment ce que jvoulais, mais à quoi bon protester ? Ca fait parti de moi maintenant. Même si un jour je m’en sors, ce dont je doute fortement, ça me poursuivra. Drogue ne va pas sans Julia Stone et inversement, surtout.

Et puis, je réfléchis un peu. Natasha, elle est pas comme ça. Justement, c’est pour ça que je l’ai toujours aimée, qu’elle est une fille et qu’elle a réussi à se faire une place dans mon cœur, et dans ma vie. Elle ne juge pas. Elle n’a pas peur non plus, sinon, elle ne serait pas là. Elle veut juste… comprendre, et faire en sorte que les choses aillent mieux. Ma pauvre chérie, si tu savais combien j’ai essayé…

-Ben, ça va.

Silence. Que répondre de plus ? L’endroit n’est pas vraiment adapté pour raconter sa vie. Bruce surveille du coin de l’œil et dissuade les importuns, mais il y a toujours des oreilles qui traînent un peu partout. Et je ne suis pas d’humeur à me retrouver en première page des magazines people, en ce moment. Ca arrive trop souvent depuis que je suis ici. Et que faire ? Jvais pourtant pas m’enfermer tout le temps dans la villa…

-J’ai pas essayé dme suicider depuis la dernière fois,
j’ajoute avec un sourire nerveux. Pfff, excuse-moi.

J’enfouis à nouveau mon visage entre mes mains comme pour rassembler mes idées. Elle s’attendait à quoi, aussi ? Bon, je sais pas ce qui m’a pris là, j’avoue, mais j’aime pas parler de ça, bon dieu. Pas avec des gens qui vont bien et qui ne comprennent pas… C’est trop blessant, parce que quoi que vous fassiez, peu importe la façon dont vous l’expliquez, ils ne comprennent rien. C’est pas leur faute en même temps, ils ont jamais vécu ça, eux. Et d’ailleurs, je leur en veux. J’ai juste envie… qu’ils restent à leur place, même si j’apprécie leur soutien. Encore que, la plupart d’entre eux agit non pas dans l’intérêt du junkie mais dans le leur. C’est quelque chose, d’être un héros. Ben nous, les toxicos, on saura jamais cque c’est.

Je relève la tête et grimace. J’ai pas envie de parler de ça. Pas envie de parler de moi. Pas là tout de suite. Oui, je vais bien. Enfin je crois. J’aime bien être ici, j’aime bien l’endroit. Je ne me préoccupe pas trop de savoir si je vais un jour rentrer chez moi. Je bosse, là. C’est un peu tout ce qui importe, pour moi. Je me sens inspirée. Alors oui, c’est le signe que je vais bien. Ou vraiment très mal, après tout, je ne sais pas. Ca traduit peut-être un besoin fou d’extérioriser. Mais non, je sais que j’ai eu des jours pires que ceux-là.

-Ca va, jte jure. Ca va…

Autrement dit, « là tu me gonfles, c’est bon ». Je m’en veux un peu parce qu’elle est vraiment gentille mais j’ai pas la tête à ça. En revanche, il y a quelque chose que je peux lui dire et qui peut-être, pourrait la rassurer. A voir. Tant pis, je tente.

-J’ai… j’ai rencontré un homme.

Ce genre de truc, en principe, ça passionne. Les filles normales, en tous les cas. Enfin beaucoup. Elle ? Je sais pas, on verra bien. Mais Dante, c’est un type bien. Je crois. Si je lui parle un peu de lui, ça devrait la rassurer. Je me suis sentie bien et en sécurité dans ses bras.

-Il est… beau, fort et… adorable, j’ajoute en un sourire.

Une façon comme une autre de changer de sujet. « La toxicomanie, c’est une hygiène de vie… »
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Natasha Newburry
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MessageSujet: Re: Las Vegas ! Las Vegas ! Icon_minitimeSam 19 Juin - 20:43

    Ben, ça va. Peu convaincant. Mais certainement un tant soit peu sincère. La plupart du temps "ça va?" est une question d'usage, qu'on se sent obligé de poser quand on discute avec quelqu'un et ce même quand on se moque de la réponse. C'est sûrement pour cela qu'on y répond toujours oui. A quoi bon dire non, personne ne prendrait la peine d'écouter, d'interroger de comprendre. Et on ne veut pas dire pourquoi. Ca va? Oui et toi? Ca va. Ca arrange tout le monde. Fin de la discussion.

    Mais moi je veux savoir, véritablement savoir. Et cela se sent dans ma façon de poser les questions et puis surtout Ela me connaît. Elle se doute bien qu'après tout ce temps, même la bavarde personne que je suis ne perds pas son temps en politesses inutiles. Le temps a déjà trop filé, nous en avons trop perdu. Alors malgré son passé, ses addictions, ses problèmes divers et variés, je la crois. Peut-être que ce n'est pas le bonheur en tubes que je vends à mes clientes quadragénaires sur le fil. Ce n'est pas le monde rose et emballé sous cellophane que les publicités de ma compagnie étalent sur la place publique. Mais c'est sa vie. Je ne la juge pas, j'écoute et j'essaye de comprendre.

    Je sais que je ne peux pas, pas entièrement. Elle aussi. Et c'est pour ça qu'elle répond de façon aussi gêné, même un peu abrupte sur la fin. J'aurais peut-être dû réagir plus tôt. Je ne sais pas ce qu'elle s'imagine, mais je me dois de prendre un temps de réflexion. Certes, les subtilités de son mode de vie m'échappe. Je ne connais pas la drogue. Enfin si, j'ai fumé de la marie-jeanne comme tout le monde, j'ai pris des petites pilules aussi, quelques fois. Mais ça s'arrête là, j'ai touché du doigt ce monde et j'ai battu en retraite pour retourner à la vie des gens ordinaires et "sains". Pas sains du tout en fait. Personne dans ce foutu monde n'est sain et je connais une tripotée de jolies plantes sportives et végétariennes avec de sérieux complexes d'Oedipe non résolus et autres psychothérapies intensives. Nous vivons dans une société sous psychanalyse, Ela a pris la drogue comme thérapeute.

    Alors non, je ne saisis pas sa dépendance, ce que peut lui procurer la drogue et pourquoi elle lui pourrit la vie sans qu'elle puisse s'en passer. Ou pas. Je ne sais même pas comment elle voit les choses. C'est sans doute beaucoup trop délicat et personnel pour que je lui demande et je vois bien qu'elle ne veut pas parler de ce qui la ronge. Soit, ma question avait un sens large et elle était libre de la prendre comme elle le voulait. Elle aurait pu me parler bonheur ou musique, à la place elle s'est refermée brusquement, me faisant clairement comprendre de ne pas insister. Je respecte son silence, moi plus que quiconque. J'ai passé une bonne partie de ma vie à me cacher derrière mon sourire radieux et mentir aux gens. Leur faire croire grâce à une robe orange échancrée et quelques margaritas que ma vie allait comme sur des roulettes. Ela a choisi de ne pas cacher qu'elle allait mal, mais de brouiller les pistes. De brandir la drogue à la face de ceux qui voudraient la comprendre et l'aider. Junkie incomprise, gardez vos distances. Très bien ma belle, très bien...

    Elle a visiblement clôt le sujet et basta. Je ne dis rien donc, me contentant de lui serrer doucement la main et de lui faire mon sourire le plus chaleureux et le plus sincère. Je n'ai rien d'autre à lui offrir pour l'instant, mais si un jour l'envie lui prend de s'épancher sur une épaule amie, elle sait que je serais là. Je l'écoute donc évoquer sa rencontre avec un homme, qui visiblement a tout pour plaire. Mon sourire devient plus léger, plus anecdotique. Non pas que cela ne m'intéresse pas, mais j'aurais préférer centrer la discussion sur Ela elle-même, ses sentiments, ses envies, ses craintes aussi. Mais une autre fois. Je ne veux pas précipiter nos retrouvailles, je dois lui laisser le temps de retrouver la confiance qu'elle pouvait avoir en moi. L'eau a coulé sous les ponts, je me doute qu'elle n'est pas encore prête à faire de moi sa meilleure amie, comme avant. La réciproque est peut-être moins vrai, mais moi, j'ai toujours été très -trop- ouverte aux gens alors...

    Je joue le jeu cependant et demande avec un petit air mutin:
    - Ah et qui est cette perle rare? Je suppose que tu l'as dénichée dans le coin?

    Qu'elle me parle donc de cet homme, tant qu'elle garde ces yeux rieurs et cette douce joie sur le visage... Nous reviendrons à l'essentiel plus tard.
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